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jeudi 10 mai 2012



Autour des miniatures du « Cœur d’amour épris » du Roi René : « Nuit l’habitable ».

Lorsqu’il y a quelques années Bernard Joubert me met entre les mains les miniatures du « Cœur d’amour épris » dans un fac-similé dont la couverture est ornée d’un cœur et du titre dessinés par Matisse, je suis éblouie, enthousiasmée par ce livre.
J’ai une grande admiration pour cette forme de peinture précise et lumineuse, pour la bibliophilie du Moyen-âge en général.  Les grandes épopées, le cycle du Roi Arthur, les chevaliers, l’amour courtois… tout un monde fascinant de production artistique et surtout l’imaginaire un peu mystérieux transmis par les œuvres d’art.
Devant les miniatures de Barthélémy d’Eyck, cette aventure d’amour rêvée par le Roi René d’Anjou, je n’ai pu m’empêcher de projeter ce que nous savons des péripéties de l’amour.  Enfin, cette séparation du « Cœur » et du « Désir » en deux chevaliers différents m’a semblé terriblement humaine. Le cœur romantique, des sentiments, de l’imaginaire, de la quête d’amour, la recherche de l’autre, la tendresse, la perte de soi dans cet autre s’opposent à la réalité charnelle du désir, de l’appétit de chair, de la jouissance. Un Eros guerrier, les armes à la main stratège et réaliste opposé à la langueur et aux codes de l’amour courtois… L’un personnalisé par le chevalier « Cœur »  casqué d’un double cœur rouge,  l’autre par son compagnon « Désir », en blanc.
Je me suis mise à écrire dans cette ouverture faisant communiquer ma fascination pour les miniatures , leur représentation, leur langage et ce que ma propre aventure d’amour me dictait. Les différentes miniatures regardées et décrites me servent de tête de chapitre.
Bernard Joubert, à l’origine de cette écriture et qui travaille actuellement la peinture sur d’anciennes gravures ne pouvait que m’accompagner. C’est ce livre que Sandrine Pot qui en a suivi la progression et l’a encouragée, réalisera matériellement.
La miniature: « La nuit dans le pré, Coeur et Désir endormis », a été retenue par Bernard qui y a posé ses touches de peinture évoquant le cœur de Matisse sur la couverture du livre, touches éclatées, cœur éclaté, brisé… Cœur et Désir dans la nuit que j’ai nommée « l’habitable » puisqu’on y rêve, on y vit en dormant, on y invente sa vie. Ce double hommage à Matisse et au Roi René ne pouvait que nous stimuler !
Luce Guilbaud